Tuesday, 17 November 2009

Interview du directeur de “Burma Democratic Concern (BDC” Chinland Guardian

Interview du directeur de “Burma Democratic Concern (BDC”
Chinland Guardian

12 novembre 2009
L’organisation Burma Democratic Concern (BDC) dont le siège est à Londres a été fondée en 2008 et remarquée pour ses campagnes énergiques qui font pression aussi bien à l’extérieur qu’ à l’intérieur de la Birmanie et qui visent à promouvoir la démocratie, les droits de l’homme et les lois. Récemment BDC a été attaquée publiquement dans un des quotidiens de langue birmane appartenant à l’état. Le directeur de BDC, Myo Thein, dans cette interview nous parle de BDC, de ses activités et des élections prévues en 2010 en Birmanie.

Chinland Guardian: Pour commencer, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur Burma Democratic Concern (BDC)

Myo Thein: Nous avons créé BDC en 2008 , après la révolution Safran en Birmanie. Depuis cette date nous menons des campagnes actives, intensives et systématiques auprès de la communauté internationale. BDC est une organisation qui globalement vise à faire pression à travers ses campagnes. Nous sommes présents en grande Bretagne, aux États Unis et en Thaïlande. Nous envisageons aussi d’ouvrir des sections dans d’autres pays d’Europe. Les personnes activent dans l’organisation BDC ont une connaissance de base très détaillée de la politique en Birmanie, une expérience politique dans le passé et sont fortement impliquées dans les activités que nous menons dans le présent.
Les principaux objectifs pour notre organisation sont :
• Soutenir les efforts pour créer un environnement politique en Birmanie
• Augmenter la prise de conscience sur le développement politique de la Birmanie
• Renforcer le support du mouvement démocratique pour la Birmanie auprès de la communauté internationale

Chinland Guardian: Nous avons appris que BDC avait été publiquement dénoncé par le SPDC dans le journal official “The Mirror”. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce qu’ils ont dit.

Myo Thein: le journal de la Junte dit que nous avons été créés par le gouvernement Américain dans l’intention de déstabiliser la paix et la tranquillité en Birmanie et se réfère au verdict du procès d’Aung San Suu Kyi en relation avec le cas de ce nageur Américain John Yettaw. De plus, ils accusent le parti birman, la NLD, de s’orchestrer et de fonctionner en tandem avec nous en publiant grâce à nous des déclarations. Ils m’accusent aussi personnellement d’être une des personnes qui orchestre « Global Action for Burma », qui est une coalition de plus de 120 organisations à la fois en Birmanie et à l’étranger qui travaillent ensemble pour promouvoir une vraie justice en Birmanie.
Mon impression est que la junte a peur de ce que nous faisons—nos campagnes effectivement demandent la restauration de la démocratie en Birmanie. Je ne leur réponds pas, car ce ne sont seulement que leurs accusations et je me focalise sur ce que j’ai à faire. Je sais que je fais des choses justes et que finalement la justice prédominera.

Chinland Guardian: Certaines personnes disent que les campagnes menées à l’extérieur de la Birmanie ne sont pas efficaces d’autant que beaucoup d’autres organisations exilées n’ont pas prouvé jusqu’a maintenant que cela apportait un changement positif dans le pays. Quel est votre point de vue sur ce sujet ?

Myo Thein: Je dirais que nous devons faire ce que nous croyons être juste plutôt que de se plaindre ou de regarder les choses d’une manière pessimiste. Nos actions reflètent comment nous pensons que les choses devraient être au mieux. Nous devons croire en ce que nous faisons jusqu'à ce que « tout ce en quoi nous croyons soit achevé ». Tous ici nous travaillons pour la Birmanie et nous essayons de faire notre mieux pour améliorer le pays. Nous travaillons pour un changement en Birmanie et ce n’est pas une tache facile à réaliser. Cela demande beaucoup de travail, de l’énergie et des sacrifices pour y arriver. Je dirai aussi qu’en raison de tout ce travail collectif, nous voyons la Birmanie aujourd’hui telle qu’elle est.

Chinland Guardian: récemment il y a eu des discussions sur les changements à faire dans la manière d’aborder le parti birman SPDC. Par exemple, les États Unis ont désormais une approche différente et une nouvelle politique envers la Birmanie. Comment vous positionnez-vous par rapport à ça ?

Myo Thein: je suis également conscient du développement récent de la nouvelle politique des Etas Unis et de sa nouvelle approche. Ici nous devons regarder quel en sera l’intérêt et qu'est-ce qui bénéficiera au mieux aux 50 millions de Birmans. Nous ne pouvons pas pratiquer une politique rigide. Nous devons être flexibles et nous devons être prêts à faire des compromis. Nous devons toujours nous tenir du côté du public puisque nous travaillons pour les gens, avec les gens et à travers les gens. Nous devons tenir compte de tout ce qui nous vient de la mondialisation.

Chinland Guardian: le régime militaire est déterminé à tenir les élections de 2010 et on dit qu’il l’emportera en ignorant les voix du peuple comme lors du résultat des élections de 1990. Finalement, ne serait-il pas mieux de se joindre à eux puisque nous n’arrivons pas à les combattre?

Myo Thein: Tout d'abord, je voudrai insister sur le fait que l’expression qui dit “avoir quelque chose est mieux que de ne rien avoir du tout” n’est pas toujours juste. Nous savons tous que c’est la junte qui a tenu les élections de 1990 à l’issue desquelles Aung San Suu Kyi de la NLD remporta une victoire écrasante. La Junte refuse toujours d’honorer ce résultat et bien au contraire maintient Aung San Suu Kyi prisonnière en résidence surveillée. Pendant le règne de terreur de la junte, les Birmans ont extrêmement souffert. La junte n’hésite jamais à utiliser la force brutale pour supprimer quiconque s’oppose a leurs lois illégitimes.
Un jour Aung San Suu Kyi a dit officiellement : “Que les résultats des élections générales de 1990 qui devaient être mis en place ont déjà fait l’objet d’une résolution prise par les Nations Unis. Nous savons déjà que l’assemblée générale des Nations Unies a accepté le fait que la volonté du peuple s’est exprimée au cours des élections générales de 1990. C’est quelque chose que nous ne pouvons pas abandonner. Ce serait au détriment de notre pays si après qu’une élection a eu lieu, le résultat de cette élection n’est pas honoré et que nous ne résistions pas aux tentatives de le banaliser.
Aung San Suu Kyi et son parti , la ligue internationale pour la démocratie (NLD) a remporté une victoire unanime aux élections de 1990, assurant clairement son statut dans une déclaration “shwe-gone-daing” qu’il est nécessaire de considérer pour avoir une vraie réconciliation nationale en Birmanie. À savoir :
1-Libérer tous les prisonniers politiques
2-Revoir la constitution de 2008
3-Permettre de re-ouvrir les bureaux de la NLD et ceux des représentations ethniques.
4-Reconnaissance des résultats des élections de 1990
5-Mettre en place un dialogue politique
Les élections de la junte planifiées pour 2010 sont comme le résultat connu d’avance d’une charade visant à légitimer la dictature militaire en Birmanie. La communauté internationale devait être consciente du contenu désespérant et implacable de la constitution adoptée en 2008. Le referendum a été tenu dans des circonstances critiquables avec entre autres des extorsions de bulletin de vote ainsi que de faux bulletins.
En donnant 25% des sièges du parlement à la junte militaire, en leur conférant une autorité permanente de tout contrôler et une auto-amnesty pour les crimes commis contre l’humanité, cette constitution ne représente pas réellement la volonté du peuple birman. Légitimer ce régime criminel n’était pas non plus la volonté des gens et tout cela est totalement incompréhensible et inacceptable pour le peuple birman.
On ne doit pas oublier qu’en dépit des promesses faites par la junte militaire en 1990 pour les élections qu’elle avait organisées, la junte n’a pas rendu le pouvoir alors qu’elle avait perdu ces élections. Actuellement pour s’assurer qu’elle ne perdra pas en 2010 elle a intensifié les arrestations des partisans de la démocratie et a concocté des charges contre Aung San Suu Kyi pour éliminer son influence dans ces élections honteuses
U Win Tin, un partisan de Aung San Suu Kyi , disait récemment “ la seule issue est le résultat des élections de 1990 (une victoire écrasante de la NLD) nous ne pouvons laisser tomber ce résultat comme un morceau de papier ou une feuille d’arbre » a-t-il dit, « la NLD a gagné les élections de 1990, mais jusqu'à ce jour le parti n’a pas été autorisé à porter le résultat de ces élections. À partir de cela, si nous tournons le dos aux élections de 1990 la NLD n’en éprouvera que de la honte.
Nos leaders légitimes disent qu’il est clair comme le cristal que ce qui est important, c’est de mettre en exécution le résultat des élections de 1990. Quel que soit ce que fera arbitrairement la junte, cela ne donnera pas de résultat positif et n’obtiendra pas le soutien du public, pas seulement en Birmanie, mais aussi dans la communauté internationale.
De mon point de vue, « nous n’avons pas besoin d’élection en 2010, mais
Nous avons besoin de mettre prioritairement en exécution le résultat des élections de 1990 ».

Chinland Guardian: l’ENC ( Ethnic Nationalities Council) a fait campagne pour ce qu’il appelle « Un dialogue à trois pour des années ». Un dialogue entre le régime militaire, les partis démocratiques et ceux des ethnies nationales. Pensez-vous qu’actuellement c’est réalisable et possible ?

Myo Thein: j’apprécie qu’il fasse au mieux ce qu’ils peuvent pour la Birmanie. Si on travaille vraiment de son mieux pour réaliser ce en quoi on croit, c’est bien. Rien n’est impossible.


Chinland Guardian: Certains critiquent la junte militaire en disant qu’ils sont incultes et ignorants, tandis que d’autres disent que les militaires de la junte sont rusés et intelligents pour avoir depuis 40 ans maintenu leur pouvoir et leurs présences. Comment voyez-vous cela ?

Myo Thein: Nous avons besoin d’une transformation révolutionnaire des esprits des leaders de la junte. Ils doivent changer leur façon de penser et de percevoir les choses comme ils le font et plus spécialement en public. Le général Aung San , le fondateur de l’actuelle armée birmane, disait : « Notre force armée n’est pas la pour tyranniser le peuple, pas plus que pour exhiber leur pouvoir grâce à leurs armes. La force armée est au service du pays et non pas l’inverse » Nous avançons maintenant vers un moment critique ou il faudrait penser à nouveau que tous les soldats patriotes devraient se tenir du côté du public.

Chinland Guardian: Le régime militaire a apparemment essayé de diviser et d’enrôler les habitants de Birmanie, spécialement les ethnies. Il n’est pas faux de dire que la junte a obtenu des succès dans la mise en exécution de leur propagande et que les gens dans quelques régions commencent à être divisés plutôt qu’unis. Comment voyez-vous cette expression « pure et fort » l’unité entre les gens peut-elle être faite ?

Myo Thein: Nous serons unis. Quand vous travaillez pour la démocratie en Birmanie, vous devez apprendre de l’histoire quelles fautes ont été commises et comment on peut rendre les choses meilleures. Vous devez avoir le courage d’ouvrir de nouveaux chapitres. Si quelqu’un ne parle que des haines amères du passé, il créera la méfiance et la division parmi nous et la division nous fera tomber. En vérité, nous devons travailler ensemble en partant du principe que nous n’avons pas le choix si nous voulons vraiment restaurer une vraie paix en Birmanie. Nous devons faire preuve de confiance et de sincérité envers chacun d’entre nous. Nous devons aussi être prêts à faire des compromis quand nous sommes devant un dilemme.
Notre leader, Aung San Suu Kyi, insiste toujours sur le fait que c’est important d’avoir une réelle unité dans notre pays. Elle dit : Une unité dans la diversité pour ceux qui ont le réel désir de bâtir notre pays en une nation forte permet à une variété de race, de langage, de croyance, de culture, de prospérer dans la paix et le bonheur de la coexistence. Seul un gouvernement qui tolère des opinions et des coutumes différentes au sein de son peuple sera capable de créer un environnement ou tous les gens de traditions et d’aspirations diverses pourront respirer librement dans une atmosphère de compréhension mutuelle et de confiance.
Nous n’avons pas un plan à courte échéance pour être une nation parfaite. Notre espoir est la nouvelle génération. Nous devons leur enseigner l’importance “d’accepter les divergences, la beauté des différences et l’unité dans la diversité” . Dans cet esprit nous pouvons construire notre pays à être dans une meilleure et plus audacieuse union.

Chinland Guardian: Votre message pour le peuple birman et ceux qui travaillent dur pour la Birmanie à la fois à l’intérieur et à l’extérieur du pays .

Myo Thein: Nous avons une ferme détermination, une concentration et un dévouement pour continuer à travailler jusqu'à ce que la démocratie soit instaurée en Birmanie. Je voudrai souligner ici que nous avons tous la responsabilité de faire notre part de travail pour la démocratie en Birmanie. Nous devons tous travailler ensemble pour atteindre notre but. S'il vous le pouvez, faites quelque chose. Chacun des petits actes faits aujourd’hui contribuera au but final et participera au futur gain. Et chaque grand but commence par cette première étape à laquelle nous participons. Je pense que nous gagnerons, nous pouvons gagner.

Chinland Guardian: Merci pour le temps que vous avez consacré à me répondre.

Myo Thein: merci beaucoup à vous.

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